Cet habitat de transition entre les contrées désertiques du Thar à l’ouest et les forêts tropicales d’Inde Centrale à l’est permet d’observer des espèces rares comme le caracal.
ETAT: Rajasthan PAYS: Inde
BIODIVERSITE: 40 espèces de mammifères et 35 de reptiles, 376 espèces d’oiseaux, 539 essences végétales.
Un cadre somptueux offert aux seigneurs des lieux
Il existe un endroit unique au monde où il est possible d’admirer les tigres du Bengale dans des décors somptueux composés de lacs, de ravins escarpés, de plateaux rocailleux et arides et d’oasis luxuriantes.
Tapis au creux des paysages sculptés par les monts Aravallis et Vindhyas, encadré par les rivières Bannas et Chabal, et situé au milieu de vestiges archéologiques qui témoignent d’un glorieux passé, voici Ranthambore. Il y a 1000 ans, les seigneurs Rajputs avaient construit une forteresse perchée sur une falaise qui domine la jungle. Dans ces espaces très giboyeux, au bord des lacs, ils avaient érigé des petits pavillons pour leurs loisirs. De nos jours, ces lieux sont demeurés quasiment intacts et les efforts déployés durant des décennies pour la protection ont finalement permis aux tigres d’y prospérer.
La vision de ces petits palais surmontés de chatris figés dans l’histoire et qui s’animent tout à coup lorsque sa « majesté » nous honore de sa présence, offre aux visiteurs un spectacle incomparable, à la fois rare et émouvant. La faune et la flore, très riches dans le parc, se mettent alors à l’unisson des pas puissants et dominateurs du maître des lieux.
La réserve de Ranthambore, jadis réserve forestière des maharadjas de Jaipur, est un assemblage qui se compose des 392 km² du parc national de Ranthambore et des « Wildlife Sanctuary » de Sawai Mansingh (290 km² – inclus dans la zone principale) au sud et de Kaila Devi (630 km² – classé en zone tampon) au nord.
Ranthambore demeure une réserve isolée avec une population « source » de tigres aux faibles perspectives de migration naturelle vers d’autres aires protégées.
A la fin des années 2000, ce sont essentiellement des relocalisations dans la réserve voisine de Sariska qui ont permis une dispersion des gênes mais sans brassage, cette réserve étant elle-même isolée. Plus récemment trois tigres (un tigre et deux tigresses) ont été transférés dans la nouvelle réserve de tigres du Rajasthan, « Mukundra Hills ».
Pourtant des couloirs naturels existent et les jeunes tigres contraints de s’exiler, lorsqu’ils n’arrivent pas à établir un territoire dans la réserve, entreprennent un périlleux périple pour gagner des espaces « vierges ». La dispersion naturelle se fait vers l’ouest en traversant la rivière Chambal pour rejoindre les forêts de Sheopur et le parc national de Kuno dans l’état voisin du Madhya Pradesh puis le parc national de Madhav également connecté par des portions de forêts. Ce couloir migratoire est stratégique puisqu’il pourrait permettre en théorie à l’avenir d’assurer le brassage génétique de deux populations de tigres, celle isolée d’Inde de l’Ouest avec ses congénères d’Inde Centrale.
La dispersion est également possible vers le sud comme l’avait raconté l’écossais Colin Stafford-Johnson dans son très bon documentaire de 2004 intitulé « Broken Tail ».
En 2019, le tigre T98 âgé de 3 ans 1/2 et né dans la réserve de Ranthambore, a réussi à gagner seul la réserve de Mukundra Hills en parcourant plusieurs centaines de kilomètres. Il s’est ensuite accouplé avec une tigresse relocalisée quelques mois plus tôt de Ranthambore; celle-ci donné naissance à 2 tigreaux. Malheureusement, une série de négligences du personnel de la réserve et des autorités locales entraînèrent la mort des deux tigres adultes et de leur progéniture, six mois plus tard (en 2020). C’est un coup terrible qui fut porté au projet de constituer une population viable de tigres dans les contrées semi-arides d’Inde de l’Ouest.
Enfin, il faut mentionner au nord-est, l’immense zone tampon constituée par les 630 km² du sanctuaire de Kaila Devi. Si elle était colonisée par les félins elle pourrait permettre de doubler la capacité d’accueil de la réserve. Quelques tigres y séjournent depuis peu mais le grand nombre de villages et la densité extrêmement importante de bétail qui y pâture, empêchent pour l’heure d’en faire une zone sûre à l’instar de ce qui fût réalisé dans le sanctuaire de Sawai Mansingh au sud qui compose désormais les zones 6 à 10 de la réserve.