ETAT: Karnataka PAYS: Inde
BIODIVERSITE: 32 espèces de mammifères et 32 de reptiles, 252 espèces d’oiseaux, 13 espèces d’amphibiens.
Prisée pour ses léopards languissants sur les branches
La réserve de tigres de “Nagarhole” aussi connu sous le nom de parc national Rajiv Gandhi tire son nom de la rivière “Hole” qui la traverse et qui abriteraient de nombreux serpents “Nagar” selon la légende entretenue par les communautés locales.
Composé essentiellement de forêts tropicales sèches et humides à feuilles caduques, le parc comporte également des zones plantées de tecks et d’eucalyptus.
Bénéficiant d’une position stratégique au cœur des Ghats occidentaux, bordée par l’immense réservoir en eau de Kabini au sud-est, cette aire protégée a longtemps été prisée pour ses léopards et les superbes opportunités de réaliser des clichés du félin sur des troncs aux formes tortueuses au milieu d’une végétation luxuriante. La réserve offre désormais autant, si ce n’est plus, de chances d’observer des tigres… à moins que vous n’ayez la bonne fortune de croiser le chemin de la fameuse panthère noire de Kabini qui a installé son territoire en plein cœur de la zone touristique depuis 2015-2016 !
En juillet, lorsque la mousson bat son plein, le réservoir de Kabini accueille un des plus grands rassemblements de pachydermes de toute l’Inde, une bonne partie des 3.000 éléphants de la réserve voisine de Bandipur migrant vers cet important point d’eau. La réserve de Nagarhole tient une place déterminante comme population source mais également comme territoire de transit des grands mammifères. Parfaitement connectée aux aires protégées qui l’entourent, elle contribue grandement à la forte densité de tigres relevée dans ces aires, notamment dans le sanctuaire de vie sauvage de Wayanad (avec ses quelques 120 tigres résidents ou en transit).
Avec l’annonce de l’adjonction de nouvelles forêts dans la zone tampon de la réserve (environ 200 km² du range de Pariyapatha – Hunsur division – 11 tigres présents dans cette zone + 300 km² de corridors), de nouvelles perspectives s’ouvrent pour placer durablement Nagarhole en tête des aires protégées accueillant le plus de tigres en Inde du Sud.
Des efforts constants sont réalisés depuis des décennies par les autorités du Karnataka et les biologistes/scientifiques de terrain, comme le célèbre biologiste indien Ullas Karanth qui a mis au point il y a plus de trente ans des techniques modernes de recensement et de surveillance de la faune sauvage avec les pièges photographiques désormais utilisés pour le “census” tigres réalisé tous les 4 ans en Inde. Toute cette intelligence, ce dévouement et ce labeur ont permis de constituer une des dernières populations de tigres viables du sous-continent indien, le réseau connecté d’Inde du sud des Chats occidentaux et orientaux répartis entre les états du Karnataka, du Kerala et du Tamil Nadu abritant désormais plus de 1.000 tigres.
Quelques ombres persistent dans ce bilan plutôt très positif. Nagarhole demeure exposée à des faits réguliers de braconnage (500 à 600 incidents révélés par les pièges photographiques et touchant essentiellement des espèces constituant la base de proie des grands prédateurs. La situation devrait s’améliorer car 600 familles ont été relocalisées en dehors de la réserve ces dernières années pour contribuer à juguler les conflits hommes/animaux.
Autre préoccupation majeure, la prolifération des plantes invasives comme le « Lantana Camara » qui envahit les forêts et étouffe les essences végétales originelles. L’avenir nous dira si une solution efficace est trouvée.