Bandipur
Les trois principaux biotopes renferment des centaines d’essences d’arbres et de plantes: les forêts clairsemées, les forêts tropicales sèches à feuilles caduques et les forêts tropicales humides à feuilles caduques.
SUPERFICIE TOTALE: 1456 km² (core: 852 + buffer: 584)
CLASSIFICATION: National Park / Tiger reserve
ETAT: Karnataka PAYS: Inde
BIODIVERSITE: espèces de mammifères, 373 espèces d’oiseaux (liste Avibase 2019).
La brume se dissipant, la beauté des sous-bois se révèle.
Première des réserves de tigres déclarée dans le sud de l’Inde, Bandipur a perdu de sa superbe lors de la dernière décennie en raison du bouleversement de ses biotopes sous l’effet de plusieurs facteurs : mort des gigantesques bambous bordant les points d’eau qui créaient des ambiances scéniques si particulières, prolifération sans précédent des espèces invasives telles que le « Lantana Camara » qui asphyxie littéralement les forêts, déclenchement de gigantesques incendies dont le dernier en date de février 2019 a ravagé la quasi-totalité du secteur de GS Betta.
En dépit de ces outrages, les forêts de Bandipur conservent par endroits leur magie de jadis et proposent des rencontres exceptionnelles avec les quelques 3.000 pachydermes qu’elle abrite. Les étendues d’eau sont le théâtre d’attroupements de cerfs axis au-dessus desquels se détachent au loin les premières collines bleues de la biosphère des Nilgiris, au-delà de Mudumalai vers de district d’Ooty. Et lorsque la brume mystique du matin se dissipe, des paysages de collines et de sous-bois d’une rare beauté se dévoilent.
Bandipur Tiger Reserve
- Populations de grands fauves :
126 tigres adultes résidents (7e rang sur les 50 réserves de tigres du pays). - La 5e meilleure base de proies sauvages des réserves.
- Classée 6e meilleure réserve de tigres du pays en termes de gestion (évaluation réalisée en 2018).
Bandipur est directement relié sur l’ouest à la réserve voisine de Nagarhole et est bordé au sud par le sanctuaire de Wayanad et la réserve de tigres de Mudumalai. A l’est, ses forêts se prolongent vers la réserve de Sathyamangalam situé dans l’Etat du Tamil-Nadu. Rien que dans l’Etat du Karnataka et si l’on ajoute les réserves et sanctuaires de BR Hills, MM Hills et Cauvery, Bandipur s’intègre dans un vaste réseau de forêts interconnecté représentant 4500 km² et plus de 20 000 km² à l’échelle des « Western Ghats ».
C’est dire l’importance stratégique de ces territoires et des biotopes variés qu’ils abritent pour la survie des tigres et des éléphants en Inde du Sud. Lors du recensement de 2014, on dénombrait plus de 400 tigres dans l’état du Karnataka et plus de 600 dans les Ghats Occidentaux. Quelques 4 années plus tard, tandis que l’état du Karnataka compte plus de 520 tigres, les Ghats Occidentaux en compte plus de 800 !
Le suivi des populations de tigres indique que certains individus sédentarisés sur des territoires de Bandipur parcourent des aires couvrant plusieurs réserves pour se nourrir, bien que la densité de proie à Bandipur reste très élevée.
Toutefois, les équilibres pourraient être profondément modifiés dans la décennie à venir si rien n’est fait pour éradiquer les espèces invasives tels que le Lantana Camara, les prairies et clairières dégagées étant progressivement recouvertes en totalité menaçant les espèces d’ongulés dont se nourrissent les félins.
Outre les impacts sur la faune, les espèces invasives étouffent progressivement les forêts en tapissant le pied des arbres puis en grimpant le long des troncs pour atteindre jusqu’à 6 mètres de hauteur. Une étude datant d’une dizaine d’années exposait déjà la dynamique de colonisation de ces plantes dans les forêts de Bandipur. Très prisée pour ornementer les jardins, elle est désormais classée parmi les 100 plantes invasives les plus dangereuses en ayant la vitesse de prolifération la plus rapide.
Le lantana produit une profusion de graines dispersées ensuite par les oiseaux. Les semences germent très rapidement et viennent concurrencer les espèces d’origine des biotopes considérés. La pression exercée par ces plantes sur les habitats se conjugue aux perturbations anthropogéniques liées notamment à l’élevage et aux activités diverses de collecte des produits issus des forêts. La présence de bétail qui s’attaque de manière privilégiée aux herbes prisées par les ongulés a un effet démultiplicateur sur le niveau de couverture du lantana dans les zones de pâturage.
