L’éléphant, l’ours et le rhinocéros

" lent, corpulent, l'éléphant parait bon enfant. mais l'éléphant ça trompe, ça trompe ..."
 
 

 


   L’éléphant occupe une place de choix dans le panthéon animalier indien car il est associé au dieu Ganesh. Celui-çi représente une des divinités les plus importantes en Inde. Grâce à cela, l’éléphant demeure respecté et toléré malgré tous les problèmes avec les humains.

L’ours lippu, que nos souvenirs d’enfants rattachent à Baloo, n’est pas aussi débonnaire qu’il n’y paraît. Il attaque plus souvent que le tigre et son caractère n’est pas des plus commodes.

  Le rhinocéros unicorne indien avec sa carapace ressemblant à une armure médiévale semble tout droit sorti de la préhistoire. Et c’est bien le cas !


Sous le nom en français, il est indiqué en sous-titre le nom en Hindi.

 
 

L’éléphant d’Asie

“HAATHI”

a une taille plus petite que son cousin africain. Les mâles mesurent 3 m en moyenne, les femelles 2,5 m. Largement répandu autrefois sur le continent asiatique, son territoire s’est largement réduit de nos jours. Très souvent l’homme le domestique comme monture ou bien comme animal de trait.

Nom latin: Elephas maximus. Sous-espèces: 6 (dont 2 éteintes)
Meilleur endroit pour le voir: Kabini, Corbett


Morphologie

Avec une masse de 4.500 kg environ et une longueur de 6 m pour les mâles, 3.000 kg et  4,50 m pour les femelles, l’éléphant d’Asie est le plus imposant animal terrestre de ce continent. Hormis la taille moins importante par rapport à son cousin africain, les oreilles ont également des dimensions inférieures. Les femelles ne sont pas pourvues de défenses comme également beaucoup de mâles. L’espérance de vie de l’éléphant d’Asie avoisine les 60 ans dans la nature.

Habitat

Les éléphants d’Asie se trouvent principalement sur une dizaine de pays. Pour sa part l’Inde a de bonnes populations dans le sud du pays au Karnataka et le nord en Assam. Cet éléphant vit dans les forêts à feuilles persistantes, les plaines marécageuses et les prairies.

Mode de vie et Reproduction

Les éléphants vivent en groupe au sein d’une famille dirigée par une matriarche. Ces petits groupes se composent en général d’une petite dizaine d’individus, 4/5 femelles avec leurs petits. Les mâles adultes deviennent solitaires.

La maturité sexuelle arrive au bout de 14 ans. Durant la période de rut, les mâles se montrent très agressifs et dangereux. La période de gestation dure entre 18 et 22 mois avec la naissance d’un seul petit. Elles en portent tous les 3 ou 4 ans. A la naissance les nouveau-nés pèsent 100 kg et ils sont allaités par leur mère durant 3 ans.

Alimentation

Leur alimentation est essentiellement herbivore dont il consomme 150 kg de végétaux journalièrement. Il boit également plus de 100 litres d’eau par jour. Cet élément demeure essentiel pour l’éléphant car il adore se baigner et prendre des bains de boue.

Rapport avec l’homme

L’éléphant d’Asie a été domestiqué depuis l’antiquité. L’homme l’utilise comme monture, mais surtout comme animal de trait servant pour tirer et extraire les arbres des jungles. Par ailleurs il est aussi présenté comme objet de prestige dans les cérémonies bien que cet usage ait diminué depuis l’époque des maharadjas.

Menaces 

L’éléphant d’Asie n’a pas naturellement de prédateurs, mais  le tigre reste dangereux particulièrement pour les petits.

L’on a observé en 2011 un tigre tuant un éléphant de 20 ans dans le parc de Corbett; en 2014, le même chose s’est reproduite dans le parc de Kaziranga. 

Somme toute le plus grand problème de l’éléphant d’Asie reste le manque de place étant donné que les humains ont utilisé toutes les terres disponibles. De plus les hommes ont fragmenté les couloirs qui relient les derniers espaces de vie pour les pachydermes. Cette invasion humaine créée de multiples confrontations avec les animaux qui dévastent les cultures. En Inde, 400 personnes meurent chaque année à cause des éléphants.

Le braconnage pour l’ivoire semble moins sensible que pour l’éléphant d’Afrique.

Corbett
Eléphants traversant la rivière Ramganga à Corbett
 
 

L’ours lippu     

“BHALU”        

est un ours de taille moyenne par rapport à ses cousins occidentaux. Il se caractérise par son allure “dépenaillée” et sa marque blanche en virgule sur son poitrail. Bien que considéré comme vulnérable, dans les endroits protégés il est possible de l’apercevoir. Dans certains parcs en Inde, c’est rare de ne pas le voir. Je pense à Tadoba.

Nom latin: Melursus ursinus. Sous-espèces: 2 
Meilleur endroit pour le voir: Tadoba, Ranthambore


Morphologie

L’ours lippu est un ursidé de petite taille qui mesure 140 à 190 cm dressé sur ses pattes arrières pour une hauteur de 60/90 cm au garrot. Il pèse entre 50 et 95 kg (F/M). Sa fourrure noire présente une marque beige en V sur le poitrail. Sa tête et ses  oreilles ont des poils qui souvent paraissent hirsutes. Il a de puissantes pattes avec des griffes longues et recourbées.

Habitat

L’ours lippu vit de préférence dans les forêts sèches et  les forêts de bambous. On le trouve également dans les régions rocailleuses.

Mode de vie et reproduction

L’ours lippu dispose d’un odorat développé mais d’une ouïe et d’une vue faibles. Il est solitaire. Il n’y a pas de période reproduction mais en Inde il semble se reproduire plus en juin. Les naissances ont lieu 6 à 7 mois plus tard. Il y a en général 2 oursons, parfois 3 avec un poids de naissance de 300 à 500 g . Les petits restent aveugles les 21 premiers jours. Ils ne quittent pas leur mère pendant 2 ans. De sorte que si l’on voit plusieurs ours ensemble c’est très souvent la mère avec ses petits. Pendant les premiers mois de leur existence, les oursons grimpent sur le dos de leur mère.

La durée de vie des ours lippus à l’état sauvage est de 20 ans environ.

Alimentation

L’ours lippu est omnivore mais il se nourrit principalement de termites et d’autres insectes. Il mange également des fruits et des charognes et comme son surnom d’ “ours à miel” peut l’indiquer, il raffole de ce nectar. Sa quête de nourriture accapare une grande partie de son temps. Comme il est un excellent grimpeur, il grimpe aux arbres pour y chercher les fruits et les essaims d’abeilles.

Menaces

Le traffic d’organes d’ours est une honte à dénoncer et qu’il faut combattre. Nous savons que ces pauvres animaux sont martyrisés notamment pour leur bile, mais je ne pense pas qu’en Inde ils soient braconnés à cette fin.

En Inde, les Kalandars étaient depuis des générations des montreurs d’ours. Ils les dressaient pour les forcer à faire des pitreries devant les touristes.

Lors de mes premiers voyages en Inde ( fin 80 ) j’ai pu les voir, mais depuis, cette pratique est interdite et les ours ont été rachetés par des organisations qui leur ont créé des refuges. Il y en a plusieurs notamment à Agra. Un grand merci à tous ceux qui se sont battus pour que cesse cette pratique cruelle et moyenâgeuse.

“Les frères ennemis”. L’ours lippu et le tigre se détestent. Lorsqu’ils se croisent c’est très souvent une confrontation. Souvent j’ai entendu des combats dans les bambous/broussailles qui étaient ceux d’un combat ours/tigre.
L’on a assisté, et filmé, des combats très longs où le tigre étranglait l’ours pendant des dizaines de minutes et finalement l’ours se libérait. Cet animal est très résistant et plein de ressources. Personnellement je me méfie beaucoup de cet ours qui est considéré comme irrascible par les locaux et les accidents avec les villageois qui ont croisé son chemin sont nombreux.

 
 

Le rhinocéros unicorne indien

“GAINDA”

est une des 3 sous-espèces de rhinocéros asiatiques.
Il pèse environ 2.000 kg pour le mâle et 1.500 kg pour la femelle. Ce rhinocéros a bien failli disparaitre, mais grâce à une vigoureuse protection, il semble acquis que sa survie n’est plus compromise.

Nom latin: Rhinocéros unicornis. Sous-espèces: 3 
Meilleur endroit pour le voir:
 Kaziranga, Dudhwa


Morphologie

Le rhinocéros unicorne indien est le plus grand d’Asie. Mesurant plus de 3,70m pour les mâles et pesant plus de 2.000 kg, il offre une carrure impressionnante avec un aspect préhistorique. Son corps présente des plis dans ce qui parait comme une carapace assemblée avec une peau très épaisse. A l’arrière, sur sa croupe, il y a des sortes de bulbes qui font penser à des rivets sur le blindage d’un char d’assaut. Même si la comparaison parait osée, c’est souvent cette pensée qui m’a traversée les multiples fois où je suis allé le voir.
La tête massive se termine par une corne unique assez courte. Par ailleurs je n’ai pas vu de rhinocéros unicorne indien avec des cornes très longues, comme l’on peut trouver sur certains de ses congénaires africains.

Régime alimentaire et comportement

Le rhinocéros indien est un herbivore qui consomme plus de 20 kg d’herbe par jour. C’est un animal solitaire, malgré la forte densité qui contraint les rares endroits où il subsiste. L’on voit dans les plaines de Kaziranga des dizaines de rhinocéros. A première vue une impression d’abondance se dégage de ces visions, mais il ne faut pas s’y tromper, cet animal demeure en péril.
Il semblerait que par rapport à ses congénaires cet animal soit tolérant, mais en période de rut des affrontements très violents surviennent. Aussi il n’est pas rare de voir des animaux avec des parties ensanglantées de leur carapace qui pendent du corps. Ce rhinocéros a une ouïe et un odorat très développés. C’est un très bon nageur. Malgré cela, l’on doit déplorer chaque années des pertes de dizaines d’individus noyés dans les crues du Bramhapoutre.
Son espérance de vie est environ de 40 ans.

Distribution

A l’origine le rhinocéros unicorne indien avait son aire de répartition sur les bassins du Gange, du Bramapoutre et de l’Indus ce qui correspond au nord de l’Inde d’avant la partition, au Népal et au Bouthan.  Aujourd’hui il subsiste essentiellement en Inde et au Népal. La très grande partie de la population réside dans le parc de Kaziranga en Assam (Inde) où il vit dans des prairies convenant parfaitement à ses besoins. Lorsque l’on arrive  au alentour du parc, l’on trouve des rhinocéros dans les champs adjacents, preuve que le sanctuaire pourvu de 2600 individus est arrivé à saturation.

Reproduction

Elle se déroule tout au long de l’année. La gestation dure 16 mois et la mère élève son petit pendant plus de 2 ans. Elle allaite celui-ci toute la 1ère année et durant cette période, le jeune rhinocéros peut grossir de 2 kg par jour. La maturité sexuelle de ces animaux est tardive, 4/5 ans pour les femelles, 6/8 ans pour les mâles.

Protection

Après avoir failli disparaitre au début du XXe siècle, lorsque l’on ne comptait pas plus de 200 individus, cet  animal s’est relevé grâce au courage et à la volonté des états. Saluons l’incroyable travail de l’état de l’Assam pour avoir amené la population des rhinocéros unicorne indien à plus de 2.600 individus dans le seul parc de Kaziranga. Tout cela a été possible grâce au dévouement de gardes sous-payés et sous-équipés qui luttent contre des gangs lourdement armés. Par conséquent chaque année des gardes meurent pour protéger ces animaux; on ne les remerciera jamais assez. Les parcs d’Orang, Pabitora, Manas, Laokhwa-Burachapori, Jaldapara, Gorumara, Valmiki, et Dudhwa sont les autres endroits où ces animaux sont présents, mais en très petit nombre (quelques unités).

Menaces

Elles sont de deux ordres.
D’abord la plus grande que représente le braconnage. Avec les prix d’achat de la corne, les braconnages ne semblent pas près de s’arrêter. En outre la proximité des voies de traffic passant par le Népal voisin vers la Chine facilite la logistique pour les braconniers. Pourtant les mesures anti-braconnage portent leur fruits. Il semblerait que le renouvellement par les naissances comble avec un surplus les morts causées par le braconnage.
D’autre part la perte d’habitat reste l’autre problème. Finalement dans un pays très fortement peuplé et en manque de terres agricoles, le territoire originel de l’animal a été réduit à peau de chagrin. Le parc de Kaziranga arrive à saturation et des transferts d’animaux sont opérés vers des parcs voisins ou lointains.

Rhinocéros unicorne indien à Kaziranga

1/- 2019 – Parc national de Corbett,
Parvenu aux abords de la rivière Ramganga, nous assistons en contrebas à la venue d’un troupeau d’éléphants venus s’abreuver. Puis s’est au tour d’une autre famille à venir dans l’eau. Une fois leurs soifs étanchées, les éléphants ont remonté la berge et ont coupé la route devant nous.

2/- 2019 – Parc national de Ranthambore,
Très tôt dans la matinée, une mère ours lippu et son ourson sont en quête de nourriture. Rapidement, le petit se réfugie sur le dos de sa mère ce qui lui offre une protection et le rassure. Peut-être est dû à notre présence ? Ils remontent ensuite le lit asséché de la rivière et retournent les pierres pour chercher des insectes. 

3/- 2013 – Parc national de Dudhwa, scènes tournées à dos d’éléphant.
Lorsque nous avons vu arriver le 2e rhinocéros qui émettait ce cri caractéristique, nous avons pensé à un combat entre deux mâles. Nous nous sommes vite rendu compte de notre erreur, c’était un couple pour une parade amoureuse.